Quand j’ai décidé de changer de vie professionnelle, ce qui m’obsédait en tout premier lieu c’était ma volonté d’avoir de l’impact. J’étais persuadée que j’allais enfin pouvoir changer le monde et influer sur tout ce qui me révolte (et la liste des sujets est longue… ).
Je m’imaginais à la tête d’une gigantesque Start-Up, révélant au monde entier tout ce qui n’allait pas, moi la leader que la planète attendait et qui allait savoir embarquer des milliers, voire des centaines de milliers de personnes dans mes idéaux.
Mais finalement, tout ne s'est pas passé comme prévu... loin de là...
J’en suis où, moi ?
Aujourd’hui, je suis chez moi, en train de vous écrire depuis mon petit village, dans ma vie de freelance réglée comme du papier à musique, rythmée par les sorties d’école, les occupations de la petite famille et le train train quotidien.
Est-ce que j’ai finalement tout raté ? Ai-je mis mes ambitions au placard pour me plier au moule sociétal ? Pas sûre. Je crois surtout que j’ai appris à me connaître et à accepter ce qui est bon pour moi et ce qui ne l’est pas.
Avant de reconstruire, il faut tout déconstruire
Vous le savez, cela va faire désormais 4 ans que j’ai décidé de quitter la fonction publique. Quitter le Graal de la sécurité de l’emploi pour découvrir que l’insécurité de l’emploi me convient en fait beaucoup mieux.
Durant toute cette période de recherche de ce que j’allais faire de ma vie, je suis clairement partie dans tous les sens. Parce que je m’obstinais à lancer des projets sans avoir pris le temps de me connaître. Et c’était bien là la clé…
En fait, quand j’ai quitté mon ancien job, j’ai voulu reconstruire les choses sur le même modèle que je connaissais. Alors non, je ne voulais pas recréer une structure pyramidale et beaucoup trop rigide à mon goût, mais je ne m’imaginais que dans des projets lourds à porter, très chronophage, avec en prime une forte pression financière sur les épaules.
Bref, je partais direct pour un burn-out avec mes deux filles (alors en bas-âge) à gérer en prime…
En fait, je ne cherchais pas à savoir ce que MOI je voulais, malgré tout ce que je pouvais raconter. Le projet devait être énorme pour justifier du temps passé à me chercher. Je continuais de partir bille en tête sur des routes toutes tracées, en refusant d’écouter cette petite voix au fond de moi.
Avoir de l’impact ? Un justificatif de ma situation !
Le critère « avoir de l’impact » apparaissait à mes yeux comme le parfait justificatif pour expliquer mon action.
Je lançais à mon entourage : « Tu comprends, je suis hyper courageuse : j’ai tout plaqué pour avoir de l’impact. Alors que toi, tu restes dans ton petit job de salarié pépère, surconsommateur, qui nous regarde aller droit dans le mur».
Alors qu’en fait, je m’étais lancée dans tout cela pour apprendre à mieux me connaître et arrêter de me faire souffrir. Mais ça, je n’y étais pas encore.
Pour rire, voici la liste (non-exhaustive) de tous les projets que j’ai lancés...
Créer une box proposant des produits cosmétiques réalisés par de petits producteurs locaux
Créer un endroit où les femmes pourraient se retrouver pour participer à des ateliers de développement personnel, bien-être, faire du sport, s’entraider dans la garde de leurs enfants etc
Créer un réseau aidant les femmes à se réorienter professionnellement et oser changer de vie
Monter une SCIC (Société Coopérative d’Intérêt Collectif)
Co-créer un site internet proposant des solutions en matière de bien-être au travail
Intervenir en entreprise pour promouvoir l’égalité femmes/hommes
Devenir formatrice pour la fonction publique
Devenir enseignante-vacataire à l’université
Co-créer une mini-série diffusée sur Youtube dédiée au développement personnel
Co-créer un sommet virtuel dédié au changement de vie
Devenir Community Manager
Voilà. Une infime partie de ces projets a abouti. La majorité est restée au stade d’embryon.
Pourquoi ?
J’ai trouvé beaucoup d’excuses. Le contexte, le coût, ma vie de famille qui prenait trop de place, le manque d’argent pour me lancer...
Merci les peurs et la procrastination. Merci la méconnaissance de moi-même.
En vrai ?
La méconnaissance totale de moi-même et de mon fonctionnement. Parmi les projets qui ont abouti, certains ne me procuraient absolument aucun plaisir, je retombais dans les mêmes travers qu’avant.
Alors j’ai commencé à perdre doucement confiance en moi. Je ne me sentais capable de rien, j’avais définitivement un problème. Je rêvais devant ces grands destins de femmes que je lisais avec avidité (et lis toujours mais avec un autre regard aujourd’hui) en me demandant ce qui clochait avec moi.
Alors j’ai enfin commencé à me poser la question POURQUOI cela ne marchait pas et pourquoi je n’avançais pas ?
J’ai cheminé, rencontré beaucoup de coachs, de thérapeutes et petit à petit toutes leurs indications, leurs conseils m’ont permis de comprendre mon fonctionnement. Il fallait que je sache m’écouter et accepter de déconstruire les soi-disant rêves que je m’étais inventés pour répondre là encore aux attentes des autres.
Les rêves que je m’étais construits sur la base des : « Mais toi avec tes capacités tu peux tout faire ». La phrase la plus con que j’ai pu entendre dans ma vie. Car quand tu te rends compte que tu n’arrives pas à tout faire, cela te fait plonger dans des abysses infernales.
Il était temps en fait que je laisse parler mes rêves, enfouis depuis trop longtemps et que je les écoute. Car ces rêves la sont ceux qui me correspondent. Et qui sont réellement faits pour moi.
Accepter...
Accepter que je n’allais pas avoir de l’impact et changer le monde comme je l’imaginais mais autrement.
Accepter que je ne sois pas celle qui aime être dans la lumière pour porter un projet et être prête à prendre les coups qui vont avec.
Accepter que je n’aime pas être par monts et par vaux mais au calme, chez moi ou dans des lieux qui m’inspirent.
Accepter que je n’aime pas être entourée de plein de monde sans arrêt.
Accepter que oui je sais faire plein de choses, que j’apprends très vite, que je comprends très vite, mais que pour autant je ne dois pas accepter tout ce que l’on me propose, y compris des missions où certes j’ai les compétences, mais qui pour autant ne me conviennent pas.
Et surtout, surtout, arrêter de déposer mon destin dans les mains des autres. Avoir suffisamment confiance en moi pour avancer sur mon chemin sans dépendre de la bonne volonté d’autrui.
Mon vrai bonheur
Mon hypersensibilité fait que je suis ainsi. Alors OK je ne serai jamais une business woman qui parcourt le monde… pour au final écraser les autres à coup de talons aiguilles ?
J’ai aussi déconstruit ce mythe du bonheur qui ne passe que par la réussite sociale et financière.
Accepter aussi :
Que mes attentes évoluent beaucoup avec le temps et que dans 10 ans, je serai engagée autrement pour avoir de l’impact.
Qu’actuellement, pouvoir me rendre disponible pour mes enfants me rend heureuse. J’ai de l’impact en leur permettant de devenir qui elles sont. En les éveillant autrement au monde qui les entoure.
Que professionnellement, j’ose réveiller mes rêves de petite fille. Celle qui passait ses soirées à écrire. Et qui finissait toujours par tout jeter.
Que finalement ma force viendra avant tout de mon alignement avec qui je suis vraiment.
Avoir de l’impact auprès de vous ?
Le fait de commencer à partager certaines tranches de ma vie changent un peu la vie de certaines de mes lectrices. Vos messages sont là pour me le prouver. Alors c’est peut-être cela ma voie (et ma voix aussi ;o). Et j’en suis très touchée.
Une précision, cet article n’a pas pour objectif de susciter des démotivations. Au contraire. Je suis persuadée que nous sommes toutes pleines de talents et qu’il est urgent de les déployer.
Si vous savez que votre voie est d’être à la tête d’une immense Start-up, foncez ! Le monde a besoin de vous ! Et si vous savez que ce n’est pas fait pour vous, votre place est toute aussi belle et importante ! Car si tout le monde, par ses actions, change positivement la vie ne serait-ce que d’une personne, alors les choses iront déjà beaucoup mieux. C'est mon intime conviction.
Le meilleur impact que nous pourrons avoir pour nous, nos proches et le monde de demain, sera celui de devenir nous-mêmes.
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